Extrait du livre Paroles de Poilus

10 nov

 

 

Le 13 novembre 1918

Chers parents (…)
Le 9, à 10 heures du matin on faisait une attaque terrible dans la plaine de Woëvre. Nous y laissons trois  quarts de la compagnie, il nous est impossible de nous replier sur nos lignes ; nous restons dans l’eau trente six heures sans pouvoir lever la tête ; dans la nuit du 10 , nous reculons à 1 km de Dieppe ; nous passons la  dernière nuit de guerre le matin au petit jour puisque le reste de nous autres est évacué ; on ne peut plus se  tenir sur nos jambes ; j’ai le pied gauche noir comme du charbon et tout le corps tout violet ; il est grand  temps qu’il vienne une décision, où tout le monde reste dans les marais, les brancardiers ne pouvant plus  marcher car le Boche tire toujours ; la plaine est plate comme un billard.
A 9 heures du matin, le 11 , on vient nous avertir que tout est signé et que cela finit à 11 heures, deux heures  qui parurent durer des jours entiers.
Enfin, 11 heures arrivent ; d’un seul coup, tout s’arrête, c’est incroyable.
Nous attendons 2 heures ; tout est bien fini ; alors la triste corvée commence, d’aller chercher les camarades  qui y sont restés.

Eugène

Extrait du livre Paroles de Poilus dans Livres

Ils avaient dix-sept ou vingt-cinq ans. Se prénommaient Gaston, Louis, René. Ils étaient palefreniers, boulangers, colporteurs, bourgeois ou ouvriers. Ils devinrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers… Voyageurs sans bagage, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants et revêtir l’uniforme mal coupé, chausser les godillots cloutés… Sur huit millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de quatre millions subirent de graves blessures… Huit mille personnes ont répondu à l’appel de Radio France visant à collecter les lettres, jusqu’ici éparpillées, de ces Poilus. Cet ouvrage en présente une centaine. Des mots écrits dans la boue et qui n’ont pas vieilli d’un jour. Des mots déchirants, qui devraient inciter les générations futures au devoir de mémoire, au devoir de vigilance comme au devoir d’humanité.

 

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